À l’occasion de la COP 28, nous souhaitons faire écho aux inquiétudes de la population et exprimer nos préoccupations en regard des changements climatiques et de leurs impacts importants sur la santé de nos communautés. Nous sommes tous et toutes dès à présent menacés par l’un des défis les plus importants que notre humanité ait rencontrés. Un peu partout sur la planète, nous constatons déjà les conséquences des changements climatiques sur la santé, le bien-être et la qualité de vie des populations. Récemment, au Québec, des familles ont perdu leur chez-soi lors d’inondations ou en raison de l’érosion côtière. La qualité de l’air s’est détériorée à des niveaux jamais observés et des milliers de personnes ont été déplacées en raison des feux de forêt. Les évènements météorologiques extrêmes ont aussi des répercussions mondiales sur la production alimentaire, les chaînes d’approvisionnement, les migrations et les conflits qui en découlent, de même que sur le risque de pandémie et autres épidémies de maladies infectieuses. Bref, nos conditions de vie sont déjà affectées et nous sommes tous et toutes concernés.
Le consensus scientifique est clair : les changements climatiques sont dus à l’activité humaine et il est encore temps d’agir pour en atténuer les causes et les impacts.
Ces bouleversements ont pour cause l’émission toujours plus grande de gaz à effet de serre découlant de nos modes de vie et de la production de nos biens de consommation. Notre planète a des limites que, collectivement, nous dépassons largement. Il n’est plus réaliste de compter sur un modèle économique basé sur la croissance infinie de la richesse matérielle et de la consommation. Il est essentiel de transformer nos façons de produire, de travailler, de consommer, de nous déplacer, de construire et d’aménager nos milieux de vie. Individuellement et collectivement, nous détenons une part de responsabilité et une capacité d’agir, chacun à sa manière et selon ses moyens.
Les multiples rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) confirment que les impacts de ces changements sont en partie évitables si les sociétés s’unissent et mettent en oeuvre les solutions qui sont déjà à notre portée. Les coûts associés à ces investissements sont infimes en rapport aux économies à long terme que les sociétés pourront réaliser.
En tant qu’autorités de santé publique du Québec, nous avons la responsabilité de protéger et promouvoir la santé des différentes populations de nos territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux. Nous devons participer à cette lutte afin de préparer la population aux impacts importants, collaborer avec nos différents partenaires, y compris le réseau de la santé et des services sociaux, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et nous adapter pour prévenir ou atténuer les impacts et les crises à venir.
Pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la santé des Québécoises et des Québécois, la santé publique s’investit avec ses partenaires en matière de transport et d’alimentation, deux importantes sources d’émission de gaz à effet de serre. Se déplacer à pied, à vélo ou en transport en commun favorise une plus grande activité physique, réduit la pollution de l’air, diminue le bruit routier et abaisse le taux de mortalité par traumatisme routier, tout en étant économiquement avantageux pour la société. Les enjeux de mobilité sont différents, qu’on soit en région éloignée ou en milieu urbain, mais des solutions sont à notre portée. La promotion d’une alimentation plus locale et plus saine, axée sur davantage de protéines végétales, réduit le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre.
En travaillant avec les autres secteurs, la santé publique contribue également à la résilience et à l’adaptation de nos communautés. Nous réalisons des évaluations de la vulnérabilité des populations aux changements climatiques dans chaque région du Québec. Cela met en lumière les actions prioritaires que nous pouvons déployer pour rendre les communautés plus résilientes au climat.
Ainsi, la santé publique s’investit avec les partenaires pour le verdissement, qui crée des îlots de fraicheur, des lieux d’activités et de socialisation bien aménagés. Avec les acteurs impliqués, nous approfondissons nos connaissances des groupes plus vulnérables et adaptons en conséquence nos plans d’urgence. Nos initiatives en santé mentale et nos actions en organisation communautaire pour favoriser l’entraide et la solidarité contribuent à la résilience de nos communautés. Nous apportons de cette façon une perspective de santé et d’équité dans les choix des interventions mises de l’avant. Enfin, soutenir le passage à l’action est aussi une solution à l’écoanxiété grandissante.
Des actions collectives plus audacieuses seront toutefois nécessaires. Dans toutes nos solutions, nous devons garder en tête que les enfants, les personnes âgées, les communautés autochtones et les populations défavorisées sont particulièrement touchés. Les moins nantis contribuent moins aux problèmes, mais ils sont plus exposés et moins en mesure de s’adapter. Il est donc primordial d’adopter des mesures climatiques qui ne laissent personne de côté et qui assurent une répartition équitable des gains en santé.
En tant qu’autorités de santé publique du Québec, nous nous engageons à protéger et promouvoir la santé et le bien-être de la population québécoise, dans le respect des limites planétaires, pour ne pas compromettre le bien-être des jeunes et des générations futures. En collaboration avec nos partenaires, y compris ceux du réseau de la santé, nous :
Sensibiliserons la population aux impacts à la santé des changements climatiques et aux bienfaits pour la santé de l’action climatique ;
Prioriserons les activités de promotion qui sont à la fois bonnes pour la santé, l’environnement et l’équité entre les groupes ;
Contribuerons à renforcer la résilience et l’adaptation de nos communautés afin qu’elles puissent relever le défi des changements climatiques ;
Ferons la promotion d’une transition juste ;
Soutiendrons la recherche sur les changements climatiques.
Nous, autorités de santé publique du Québec, rejoignons nos partenaires pour agir avec la même urgence et détermination. Il est impératif de prendre des mesures pour limiter le réchauffement
climatique à 1,5 degré Celsius, conformément aux Accords de Paris et pour s’adapter à ses impacts inévitables. L’action climatique ouvre la porte à une société plus saine et plus équitable. Les bénéfices de nos actions à venir dépassent largement leurs coûts. L’action climatique offre de l’espoir et des avantages considérables pour la santé, la qualité de vie et la solidarité. Nous sommes conscients des défis qui nous attendent, mais également des opportunités de créer un monde plus résilient, plus équitable et plus sain pour tous et toutes. Ensemble, nous pouvons réaliser cet avenir.
Le directeur national de santé publique, le sous-ministre adjoint responsable de la Politique gouvernementale de prévention en santé et les directrices et directeurs de santé publique du Québec
Dr Luc Boileau, Directeur national de santé publique
Dr Sylvain Leduc, Bas-Saint-Laurent
Dr Donald Aubin, Saguenay–Lac-Saint-Jean
Dr André Dontigny, Capitale-Nationale
Dre Marie-Josée Godi, Maurice et Centre-du-Québec
Dre Isabelle Samson, Estrie
Dre Mylène Drouin, Montréal
Dre Brigitte Pinard, Outaouais
Dre Omobola Sobanjo, Abitibi-Témiscamingue
Dr Richard Fachehoun, Côte-Nord
Dr Éric Goyer, Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James et Laurentides
Dr Yv Bonnier-Viger, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
Dre Liliana Romero, Chaudière-Appalaches
Dr Jean-Pierre Trépanier, Laval
Dre Lynda Thibeault, Lanaudière
Dre Julie Loslier, Montérégie
Dre Faisca Richer, Nunavik
Dr Alain Poirier, Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James
Dr Horacio Arruda, Sous-ministre adjoint responsable de la Politique gouvernementale de prévention en santé
Pour lire la « Déclaration des autorités de santé publique du Québec à l’occasion de la COP28 » complète.